Le 1er Nid, un cocon pour les femmes touchées par le cancer

En avril 2018, l’association Amazones Martinique inaugurait son premier Nid. Conçu comme un endroit douillet pour recevoir des femmes touchées par des cancers, l’appartement propose des soins de support gratuits. Le succès a été immédiat.

Situé dans le quartier de Place d’Armes au Lamentin, le Nid est un petit duplex cosy et chaleureux. Sur le pallier, un petit salon extérieur offre un coin café à côté de la cuisine. Quelques marches plus bas, la salle principale est organisée autour d’un canapé confortable à l’abri des regards derrière les rideaux en toile de jute. La décoration est soignée, zen. Des tapis de sport sont rangés dans un coin. Un espace documentation présente des livres et des brochures. Deux grands miroirs font face à une table en bois. C’est la salle des activités proposées par l’association.

« Sans cet endroit, j’aurais craqué »…

Ce jour là, trois femmes atteintes par des cancers assistent à une séance de Gestalt-thérapie. Les Amazones les surnomment affectueusement « les trois mousquetaires ». Sophie, Laurette et Cindy se sont connues ici, dans le Nid et depuis elles s’y retrouvent régulièrement. « Sans cet endroit j’aurais craqué » confie Laurette. « C’est ici qu’on peut se retrouver entre nous et ne plus se sentir seules pour supporter la maladie ». « La première fois que je suis venue », témoigne Sophie, « j’étais très mal. Je suis arrivée à 16H et je suis restée trois heures à parler. Depuis, j’ai pris un abonnement » plaisante-t-elle. « On se sent bien ici, même dans les toilettes » explique Cindy, dans un sourire. « Au départ, je n’osais pas venir parce que je pensais que c’était réservé aux personnes touchées par un cancer du sein, alors que je souffre d’un cancer du col de l’utérus. En fait, toutes les femmes atteintes par des cancers peuvent venir, et je leur conseille vraiment de le faire. On se soutient. On se comprend. C’est une vraie bouffée d’oxygène ».

Opération Pumpidup

Le petit appartement a été prêté par Carine Avenel qui a cédé son ancienne chambre et une partie de son logement. Le Nid a été aménagé par les Amazones avec une opération « Pumpidup » : un coup de main des membres de l’association et de leurs amis bricoleurs qui ont refait les peintures, les sanitaires, construit des étagères, installé le coin cuisine et apporté les meubles, la décoration, les tableaux…

L’information de l’ouverture de ce lieu associatif a rapidement circulé. « En 10 mois, nous avons déjà reçu des centaines de femmes sur place » raconte Annabelle Davidas, l’une des Amazones. « La plupart d’entre elles ont participé à des ateliers ». Sophrologie, soins esthétiques, techniques du têt maré, yoga, maquillage, cuisine et diététique, groupes de parole… tous les ateliers de soins de support sont gratuits et ils sont désormais rémunérés grâce au soutien de l’ARS et à la générosité des martiniquais et martiniquaises, « En octobre dernier nous avons lancé un pari, créer un magazine féminin traitant du cancer Outre Mer. La vente de ce magazine devait permettre au Nid de continuer à vivre car le bénévolat ne suffisait plus à assurer les demandes que nous recevions. On est fièr.e.s de dire que nous avons notre première employée et que nous rémunérons nos intervenants » précise Alexandra la fondatrice de Amazones Martinique.

Gratuit et bénévole

Une bonne partie de l’organisation est toujours bénévole. « Ça manquait un lieu comme celui-ci » résume Laurette. « Après l’annonce de la maladie, il a fallu encaisser et je n’ai trouvé personne dans mon entourage pour m’épauler. Ma famille a considéré que je n’avais pas le droit d’être malade. C’est seulement ici que j’ai pu rencontrer d’autres femmes touchées et que j’ai pu affronter vraiment la maladie ».

Le lieu est conçu comme un lieu de passage transitoire. « Le but du Nid est que les femmes y trouvent de l’aide, du réconfort, puis de la force pour pouvoir ensuite prendre leur envol » explique Carine. À terme, les Amazones espèrent obtenir un lieu plus grand, une maison où pourraient être organisés des ateliers, un lieu d’accueil, un centre de documentation… de manière plus confortable. Car déjà, le petit Nid douillet ne désemplit pas.

Article de Laure Martin Hernandez

Mise à jour le 20 juin 2022

Depuis, la Martinique a ouvert un espace plus grand, une maison de 100m2 à Fort de France, et le Pacifique a ouvert son Fare en juillet 2020. Les associations à la Réunion en Guadeloupe à Paris et bientôt en Guyane espèrent ouvrir leur propre Nid pour aider les Amazones qui en ont tant besoin.