Karyn, la première Amazone professionnelle

Dans le long combat que nous menons pour améliorer la prise en charge des femmes des Outremers atteintes de cancer, chaque victoire mérite d’être savourée. Et justement, il y en a une qui en vaut deux : le Projet Amazones a embauché sa première employée permanente ! Amazone militante de la première heure, Karyn Avenel a signé un C.D.I. en juin 2021 pour assurer les fonctions de coordinatrice du Nid Gabrielle, en Martinique. L’association a ainsi créé son premier emploi et officialise la contribution déterminante de cette soeur « historique ».

Pas de doute, sans Karyn, l’association des Amazones ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Il s’en est fallu de peu, à quelques semaines près, pour que Karyn ne fasse pas partie du premier groupe des fondatrices de l’association réunies autour d’Alexandra Harnais en 2017. La rencontre entre les deux femmes s’est déroulée peu avant, grâce à une amie commune engagée dans la première action de ce qui allait devenir l’association des Amazones : l’exposition de photos de portraits de femmes atteintes de cancer présentée en octobre 2017. « Nous étions au restaurant, et Alex m’a demandé si je serais partante pour être photographiée. J’ai répondu oui, sans savoir où je mettais les pieds » raconte Karyn en riant. 

Un groupe magique

Ce portrait d’elle, nue, avec sa cicatrice de la mastectomie, elle l’a fait avec le photographe Robert Charlotte. Des images de ce shooting nourrissent le film documentaire qui avait été fait à l’époque. Karyn y apparaît en retrait, timide, bien loin de la personne qu’elle est aujourd’hui. « À l’époque, mon moral n’était pas bon » se souvient-t-elle. « En quelques mois j’avais vécu un burn-out professionnel, le diagnostic puis le traitement du cancer du sein qui m’a obligée à éloigner mes enfants chez leur père en Guyane, et aussi le décès de ma grand-mère. Les Amazones ont vraiment été la bouée qui m’a permis de garder la tête hors de l’eau ».

Ce premier groupe des Amazones, avec Alex, Karyn, Anabelle, Moune, les Sandra, Coco, Juliette, Caro, Mèl, Paco, Dilou, Livia… a été magique. Comme les autres, Karyn a trouvé ici « des soeurs qui parlent le même langage » et aussi « une vision qu’il fallait faire des choses pour les Amazones dans notre pays ».

C’était il y a quatre ans, et depuis le groupe, avec de nouvelles venues et hélas, certaines qui sont parties, a déplacé des montagnes. « J’ai encore du mal à réaliser tout ce qu’on a pu faire » commente Karyn. Pourtant, sa contribution a été essentielle. Bénévole au quotidien depuis quatre ans, elle a amené ses compétences en management, sa formation initiale, mais aussi en écoute et en accompagnement. Elle a développé ces qualités grâce aux techniques de la PNL et du coaching. Bien souvent, c’est elle qui tenait la permanence téléphonique. Lorsque le premier Nid a ouvert, c’était chez elle. Karyn avait mis à la disposition de l’association une partie de son propre appartement. Elle a été de tous les projets, de toutes les actions de l’association.

Résilience

En réalité, ce contrat vient officialiser une situation, car depuis l’ouverture du Nid, Karyn en est la coordinatrice de fait. C’est elle, déjà, qui prépare les programmes des ateliers, qui coordonne les différentes animations et évènements, et qui veilla à ce que tout se passe bien pour les bénéficiaires du lieu. Elle faisait déjà le travail, mais de façon bénévole. « Ce contrat participe à ma résilience. Il commence le premier juin, alors qu’à la même date, en 2016, je recevais ma première chimiothérapie. J’y vois tout un symbole ». 

Pour nous toutes, ce premier emploi, que nous préparions depuis longtemps, est le signe que nous ne nous sommes pas trompées. et que notre action peut générer de l’emploi.  Les besoins locaux en soins de supports sont effectivement importants et notre action présente un réel intérêt pour la communauté, pour toutes les femmes atteintes de cancer dans nos régions, mais aussi pour leurs accompagnant.es, leurs enfants, leurs conjoint.es, leurs parents, leur ami.es, leurs proches. L’objectif est d’en créer plus. « Dans quelques années, je prends le pari que nous aurons un petit staff des Amazones » projette Karyn. « On fait tout pour pouvoir créer d’autres emplois ».

Déjà ce premier a la saveur d’une belle victoire. Merci Karyn pour tes actions passées et celles à venir ! La Martinique compte sa première Amazone professionnelle ! Et si tout va bien, ça ne sera pas la dernière ici et ailleurs dans les Outremers et à Paris.

LMH