FIRMINE RICHARD : « Le cancer, il faut oser dire le mot et en parler ! »

La comédienne guadeloupéenne Firmine Richard s’engage contre les cancers. Sur TF1, en ce début d’année, elle est au casting de « Stars à Nu », qui veut porter devant le grand public les causes -parfois délicates- des cancers du sein, de la prostate et des testicules. 

De plus, dans le film « Secret de famille » du réalisateur guadeloupéen Julien Dalle, Firmine Richard incarne la mère de trois fils désunis, affectée par un cancer. De passage en Martinique pour l’avant-première du film, le 24 janvier 2020, elle a accepté de rencontrer une journaliste des Amazones. 

Avec ce film et cette émission, vous montrez un intérêt personnel fort autour du cancer et notamment le cancer du sein. Pourquoi vous sentez-vous concernée par ce sujet ?

Firmine RICHARD :

Autour de moi, des amies sont touchées. Ma sœur adoptive, qui a 50 ans, le jour où elle a fait sa première mammographie, elle s’est rendu compte qu’elle avait un cancer. Aujourd’hui, elle n’arrive pas à dire le mot « cancer ». Il ne sort pas de sa bouche. Et puis je pense aussi à une voisine qui a été touchée. Elle s’en est sortie mais ça a été difficile. Toutes les femmes devraient se sentir concernées comme je le suis. C’est pourquoi j’ai accepté tout de suite quand Arthur m’a proposé de participer à l’émission. Une partie est consacrée au cancer du sein. Huit personnalités, huit femmes, dont moi, essayons de développer la prévention car il faut en parler. Je sais que c’est difficile. Moi-même j’ai attendu quatre ans avant de refaire une mammographie. J’en ai faîte une pour l’émission « Stars à nu ». J’avais de l’appréhension mais j’ai découvert de nouveaux appareils où désormais c’est vous qui pressez vous-même votre sein pour faire la radio, avec une pédale. C’est plus confortable. Et je sais aussi quel soulagement on ressent si tout va bien. Je voulais participer à cette émission d’abord pour dire aux femmes qu’il est important de participer au dépistage.

Dans le film « Secrets de Famille », vous interprétez le rôle d’une femme atteinte par un cancer ce qui précipite les évènements dans la famille. Comment avez-vous endossé ce rôle ?

Firmine RICHARD :

Hier encore, en regardant le film, j’ai été très émue par les images. J’ai retrouvé cette sensation lourde. Les images où j’apparais sans cheveux…, ça me rappelle tellement d’amis qui ont vécu ça. L’émotion reste. Et pour moi c’était un défi parce que c’est un nouveau registre. Jusqu’à présent, j’ai surtout fait des comédies comme « Romuald et Juliette » (son premier film), « deuxième étoile »…,  et là c’est un rôle dramatique. Julien Dalle (le réalisateur) m’a offert un rôle à contre-emploi et c’est intéressant ce contraste, comme Coluche dans « Tchao Pantin », ou Bourvil… Pour moi, en tant que comédienne, c’est l’occasion de piocher dans une palette d’émotions plus grande. Je voulais essayer d’exprimer autre chose que la comédie.

Quel message souhaiteriez-vous passer aux femmes des Antilles et aux Amazones ?

Firmine RICHARD :

Ce que je peux conseiller à toutes les femmes, vraiment, c’est de se faire dépister, de faire les mammographies. Après 50 ans, c’est gratuit tous les deux ans, et mieux vaut surveiller plus tôt si le terrain est propice, comme dans certaines familles. 

Je crois aussi que trop souvent, le mot cancer est presque comme interdit. Les gens hésitent à le prononcer. Dans le milieu de la télévision à Paris, j’ai connu des femmes qui ne disaient pas qu’elles étaient malades, pour ne pas être blacklistées. Ça fonctionne ainsi et ce n’est pas normal. Aux informations, on dit des gens qu’ils sont morts de longues maladies. Pourquoi ne pas dire le mot cancer ? Je pense qu’il faut au contraire le verbaliser, le prononcer ce mot, pour en avoir moins peur et pour ne pas que ça paraisse honteux. Il n’y a pas à avoir honte. On n’achète pas la maladie… 

Propos recueillis par Laure Martin Hernandez ©Photo Mario Gilbert