Pour Béatrice Ravenet, la cancérologie est « une vocation » liée d’abord à son histoire personnelle : « ma grand-mère était morte d’un cancer du sein, ça m’avait touchée, ça a compté, et puis je ne sais pas vraiment pourquoi, ce domaine me parlait ». Après ses études d’infirmières en France, le premier hôpital qu’elle intègre en 2001, est l’Institut Curie, centre hospitalier parisien, spécialisé dans la recherche, la lutte et les soins contre le cancer. Béatrice accompagne ses premiers patients dans les chimiothérapies et les radiothérapies.
Du Curie à Clarac
Un an plus tard, avec son conjoint, elle revient dans son pays Martinique. Le C.H.U. est en manque de personnel spécialisé et l’affecte au service cancérologie. Aujourd’hui, Béatrice travaille à Fort-de-France, à l’hôpital de jour de Clarac, établissement du C.H.U. de Martinique où sont dispensés les traitements courts, c’est-à-dire les chimiothérapies, radiothérapies et immunothérapies qui ne nécessitent pas d’hospitalisation. La prise en charge est ambulatoire. Les patient(e)s retournent chez eux après les soins. Ils sont entre 20 et 35 à se présenter chaque jour. Les cancers de la prostate sont les plus nombreux. Chez les femmes, une patiente sur trois souffre d’un cancer du sein.
« J’aime mon métier. Bien sûr, il n’est pas toujours facile, les patients sont nombreux, le rythme est soutenu, mais je l’aime parce que l’aspect humain, le relationnel, y est très important ». Pour Béatrice, même si les actes qu’elle prodigue peuvent être identiques, « chaque traitement est différent parce que chaque personne est différente ».
Infirmière oncologique, elle assure des soins mais aussi l’accueil des patient(e)s. Un moment stratégique. « Même si on parle de plus en plus de la maladie, grâce à des évènements comme Octobre Rose, on voit bien qu’il reste beaucoup de tabous et beaucoup de peurs autour du cancer en Martinique ». Après l’annonce, quand les patient(e)s arrivent pour leur premier traitement à Clarac, « ils sont parfois sonnés, prostrés, en détresse ou habités par une grande colère intérieure ». « J’essaie de les mettre à l’aise, de les faire sourire un peu… Ça fait partie de ma mission. Nous avons des formations pour ça, parce que c’est important pour l’efficacité du traitement que les personnes ne soient pas trop stressées et l’abordent avec un minimum de complications ». Béatrice sait que les chances de réussite sont renforcées si les personnes qui subissent les soins les acceptent et sont apaisées.
Des femmes de plus en plus jeunes
Après plus de quinze ans dans le service, Béatrice constate avec inquiétude que de plus en plus de jeunes femmes sont touchées par des cancers du sein en Martinique. « Avant, à Clarac, on accompagnait des femmes de 40 ans. Depuis quelques années vous voyons, de plus en plus souvent, des femmes de 30 ans, 20 ans, et même moins… En plus, elles ont parfois des formes de cancers du sein sévères et difficiles à traiter. Je ne sais pas si c’est lié aux hormones, aux perturbateurs endrocriniens, à l’alimentation…. »
Retrouvez l’intégralité de l’article de Laure Martin Hernandez dans notre magazine I Photo © Mario Gilbert