Paroles Zinutiles #2

Bien souvent il n’est pas facile de trouver le mot juste quand on rencontre quelqu’un.e touché.e par la maladie, et c’est bien naturel. Gêne, maladresse, mot malheureux, peuvent nous échapper, et patatra c’est trop tard. Beaucoup d’entre vous ont réagit l’an dernier lors de la publication de nos paroles zinutiles. Ouvrir le débat, lever les tabous pour échanger, c’est l’objectif de cette rubrique. 

Une amie : « c’est pas grave, ça se soigne très bien »

Ma gynécologue : « Il ne fallait pas tomber malade en cette période madame. Et en plus je pars bientôt en vacances… » On est en aout, l’angoisse. 

Un « ami » : « Aïe, mais comment tu as attrapé ça ? Il faut mettre un préservatif pour ne pas transmettre ton cancer ». 

Le médecin conseil lors de l’examen de reprise : « Mais vous allez bien, vous avez mis du vernis »… C’était un vernis au silicium pour les protéger du soleil. 

A mon retour au travail, après 6 mois d’arrêt : «  ben dis donc, tu as bien grossit, ça va pas si mal après tout. Ou an form. »

Je viens voir un médecin pour une blessure au genou, je lui précise que je suis suivie pour un cancer du sein, lui, d’un coup très intéressé : «  je peux voir votre cicatrice ? ».

Lors d’un examen, la gynécologue m’explique que c’est ma faute si elle me fait mal en introduisant la sonde car j’ai un vagin « tout neuf. N’ayant pas eu d’enfants ou fait de fausses couches ». Sans commentaire. 

Ma propre sœur demande à notre entourage si ils sont au courant pour ma maladie puis leur répond : « Oh, ça se guérit de nos jours »

Ma meilleure amie « Bah, tu auras de beaux seins à la fin »… Sérieusement ? 

Le chirurgien lors de la consultation avant l’opération pendant qu’il examine ma poitrine : «  je vais trifouiller, il va rester un moignon »… Envie de s’enfuir en courant. 

Une copine : « Mais en fait, tu as eu de la chance d’avoir eu un cancer » Euh, comment te dire ? 

Une collègue : «  Tu n’as pas l’air malade, tu es sure que tu as un cancer ? »

Je vais voir une radiologue car on soupçonne chez moi, un risque de phlébite. Elle me demande si ça va. J’ai eu une mastectomie il y a deux jours. Je lui réponds « Vous savez, se faire enlever un sein à 28 ans c’est quand même compliqué. J’ai du mal à l’accepter». Elle me répond : » Écoutez après mes deux grossesses, j’avais plus de seins, regardez aujourd’hui j’ai des prothèses et ça va bien ! ». 

Une amie : «  Tu as de la chance, tu vas perdre une bonne dizaine de kilos ! Tu auras une taille de guêpe » Anw, on en parle des kilos ?

Une collègue : «  Je suis quelqu’un de trop optimiste. Je crois que cela ne m’arriverait pas d’avoir un cancer »

Parfois les mots blessent terriblement, n’ayez pas peur de dire ce qui vous a heurté, très souvent ces petits mots sont le fruit de maladresse. Un peu de communication et de bienveillance viennent à bout des plus vilaines phrases.