Laurence, infirmière libérale: « la petite touche de fraicheur à domicile ».

« Prendre soin des personnes, quand elles ne peuvent plus prendre soin d’elles-mêmes, ça me semble être ce qu’il y a de juste à faire en tant qu’être humain tout simplement »

Laurence Adonicam, 43 ans est infirmière depuis 21 ans. Sa vocation c’est sa mère qui lui a transmise. « Depuis toute petite, j’ai voulu être infirmière et c’est lors d’une de mes visites sur le lieu de travail de ma mère, qui était aide-soignante, que ce métier est devenu pour moi une évidence» confie-t-elle. 

Formée à toutes les pathologies durant sa formation d’infirmière, « toute infirmière diplômée d’état sait prendre soin de patients atteins de cancer » explique-t-elle, Laurence, continue à se former régulièrement sur les avancées médicales en oncologie, car « c’est aussi très important de se tenir constamment informée pour mieux soigner les patientes ».

De la transplantation rénale au libéral

Après 10 ans dans un service de transplantations rénales au service hospitalier de pointe dans l’hexagone, Laurence opte pour la voie libérale de sa profession, chez elle, en Guadeloupe. « J’ai voulu aller au domicile des patients et leur apporter mon savoir-faire, mon savoir-être, dans une optique de soins plus intimes, plus proches de la réalité des patientes. » 

Les infirmières libérales sont intégrées dans le parcours de soins à domicile dans deux cas de figures : pour des patientes dès le début de pathologie, ou alors en cours de traitement de chimiothérapie, où elles s’occupent de stériliser la chambre et d’effectuer les prises de sang. 

Pour les soins palliatifs d’une patiente, Laurence se rend au domicile, environ deux fois par jour pour l’accompagner au mieux durant ce parcours de fin de vie. Elle réalise ainsi, les soins techniques mais aussi relationnels, c’est-à-dire tous les accompagnements nécessaires, comme le travail de deuil anticipé avec le patient mais aussi la famille, l’accompagnement des conjoints, des enfants, ou le cas échéant des petits-enfants.

Pour les femmes atteintes de cancer du sein, en période de chimio, toutes les trois semaines, Laurence se rend à leur domicile deux fois par mois, pour la prise de sang et le rinçage de la chambre. L’infirmière libérale établit par ailleurs un véritable lien relationnel avec sa patiente : « on lui donne des petites astuces, des conseils pour se procurer des soutiens-gorge adaptés, on parle aussi de « Maré tèt » pour celles dont la chimio entraîne une alopécie… On travaille sur l’esthétique, en s’adaptant bien sûr aux besoins de chacune de nos patientes, car elles sont toutes différentes. » 

Soigner le corps et le mental

L’image corporelle de ces femmes étant souvent altérée, avec une perception différente selon leur âge, Laurence doit constamment mettre à jour son recueil de données au cours des soins, en accompagnant la patiente sur son rapport à son propre corps « Je les oriente notamment vers les divers ateliers de maquillage, de « Maré tèt », vers des associations et des groupes de paroles comme celui du Raizet, pour qu’elles n’oublient pas de prendre soin d’elles dans ces moments là. » 

Pour Laurence, qui exerce sa profession aussi bien au domicile de patientes atteintes de cancer que pour des pathologies moins lourdes, être elle-même féminine est important pour les soins qu’elle apporte : «  Je m’apprête. Je mets des boucles d’oreilles, du rouge à lèvres… Je suis moi-même très féminine donc quand mes patientes  me voient, elles me disent parfois que ça leur fait du bien. Car souvent elles s’oublient et petit à petit, je leur dis, qu’elles peuvent mettre des bijoux ou que ça leur irait bien un peu de rouges à lèvres. Cela leur permet de retrouver cette féminité mise à mal pendant les traitements… car je pense que ça aide aussi. » 

Laurence a ainsi pu établir ce lien de confiance, de confidence de femme à femme, en entrant chez elles, dans leur intimité tout en leur apportant ce petit bout de l’extérieur qu’elles risquent d’oublier au cours de leur traitement. « Ce sont des femmes qui sont coupées du cercle professionnel, elles ont donc tout le loisirs de penser, de se documenter, de pleurer, de se battre,  mais aussi de ne pas montrer à leur mari, ou à leurs enfants leurs failles. Donc c’est un moment vraiment intime et particulier que l’on instaure à domicile avec elles, un lien fort d’intimité ou le corps étant altéré provisoirement, on travaille aussi sur le mental de ces femmes » 

Véritable relais des associations, les infirmières libérales sont donc « la petite touche de fraîcheur à domicile » comme se décrit Laurence, qui permet à ces femmes soignées à domicile de rompre leur solitude le temps d’une visite. «  C’est ce que j’aime dans ce métier. J’arrive chez la patiente, dans son intimité. Je sais comment est sa chambre, sa salle de bain, sa vie avec ses photos accrochées aux murs. Ça apporte de la qualité au soin car la vision du soignant vis-à-vis du patient est différente. On prend mieux conscience de son histoire et de son identité. C’est grâce à tout cela que l’on pourra atteindre les objectifs de guérison avec la connaissance de son environnement au quotidien, c’est ça la spécificité du domicile… »