Si le chef du service de chirurgie gynécologique et mammaire de la Maison de la Femme de la Mère et de l’Enfant a une cote du tonnerre auprès des Amazones, ce n’est pas grâce à ses phrases parfois très cash. Ce n’est pas non plus par sa grande taille et ses allures de beau gosse, même si ça ne gâche rien. C’est parce qu’il se bat vraiment pour la qualité des soins dans son pays, et qu’il considère les patientes comme des alliées dans ce combat.
Mehdi Jean-Laurent est un enfant du pays qui a suivi la voie de son père martiniquais, le docteur Jean-Laurent, lui-même gynécologue. Mehdi est né à Bondy, en région parisienne, après que ses parents se soient séparés, mais il n’a jamais rompu le lien avec l’île : « J’ai fait mon premier voyage en Martinique alors que j’avais moins d’un an, et j’y allais très régulièrement pendant mon enfance ». À 13 ans, la mère de Mehdi choisit d’éloigner ses fils de la banlieue parisienne. Il arrive en Martinique, étudie au collège de Tartenson puis au lycée Schoelcher, avant de s’engager dans les études de médecine à Bordeaux.
Sa prise de fonction en Martinique en 2011, dans la toute nouvelle MFME, donne un sérieux coup d’accélérateur à la modernisation de la prise en charge des cancers féminins. Pendant son internat, Mehdi Jean-Laurent a travaillé dans des services de cancérologie à Lille et à Toulouse. Son expérience permet de mettre en place les opérations chirurgicales pelviennes (liées à l’appareil génital féminin) qui n’étaient pas pratiquées ici avant lui. De nombreuses patientes atteintes de cancers évitent ainsi le voyage à Paris. De même, il tente d’agir dans le domaine de l’oncofertilité (la préservation de la fertilité des femmes atteintes de cancer) pour laquelle aucune filière formelle n’existe encore en Martinique.
Un cœur qui bat
« Objectivement on peut dire que la situation s’est largement améliorée au niveau des soins » estime le docteur Jean-Laurent. « Là où je pense que nous avons encore des progrès à faire, c’est sur le parcours de soin et la qualité de vie pendant ce parcours ». La MFME a commencé à structurer l’accompagnement des patientes dans ce dédale de rendez-vous médicaux et de démarches diverses. « Avant, nous avions des patientes qui étaient quasiment en errance dans ce parcours de soin qui est si compliqué. Désormais, des infirmières les accompagnent. »
Autre amélioration nette : la qualité de vie pendant les traitements avec la mise en place de soins de support. « On s’y met petit à petit, grâce surtout aux pressions des associations de patientes. Il faut d’ailleurs qu’elles continuent de faire entendre leurs voix. C’est absolument nécessaire. »
Signe de cette bonne entente, les Amazones & Friends sont venus refaire la décoration de deux chambres de la MFME, en mode coup de main, pour créer des lieux plus confortables et chaleureux pour accueillir les patientes. Les premiers ravis étaient les soignants du service et notamment le docteur Jean-Laurent qui a participé lui-même au bricolage. Les travaux achevés, son émotion était perceptible. Pas de doute, chez ce chef de service aux manières parfois un peu rudes, il y a un cœur qui bat. Et nous on aime ça !
Article Laure Martin Hernandez. ©Mario Gilbert