Guyane : la rencontre bouleversante d’une soignante avec une amazone

Partie en Guyane en tant qu’aide-soignante, j’ai fait la rencontre d’une Amazone hier à Saint-Laurent : Maria. Il s’agissait de sa première prise en soin par notre équipe.

« Il y a une nouvelle entrée! » nous a-t-on annoncé. C’est une fois sur place que j’ai rencontré Maria, 26 ans atteinte d’un cancer du sein avec métastases. Elle respire avec oxygène et reste assise dans son fauteuil afin de calmer son essoufflement.

Je me suis approchée et, avec son accord, je lui ai posé quelques questions fermées … Il fallait que j’entende son histoire. Je l’observe pendant que je réfléchis aux questions les plus simples à poser, elle est très belle.

Il y a un peu plus d’un an, Maria a donné naissance à une petite fille dont sa mère s’occupe aujourd’hui.Le cancer a été découvert quelques temps après l’accouchement. La jeune femme est partie en France Hexagonale pour suivre une chimiothérapie pendant une année avant de revenir finir ses jours auprès de sa famille.

Je demande à Maria s’il y a des messages de prévention pour les jeunes femmes dans les collèges, lycées ou autres afin de se faire dépister. Elle fait la moue comme pour me dire « mais qu’est ce que tu racontes ? », avant de lâcher un « non » sourcils froncés. Je meurs d’envie de lui parler des Amazones, lui dire que le sujet ne m’est pas inconnu… mais je renonce. Elle est épuisée, je lui dirai demain.

Je suis assise à côté d’elle, sa mère nous regarde. Elle ne comprend pas le français mais se lève et va chercher de l’eau quand je la regarde enfin. Maria souhaite que je lui fasse une toilette. Je lui délivre le soin avec l’aide de mes collègues, puis nous nous en allons.

« J’admire sa force, je vois son dévouement »

Ce matin, je retrouve la jeune guerrière essoufflée mais volontaire, comme la veille. Sa petite fille est présente cette fois, elle joue avec un autre enfant. Elle souhaite que je fasse sa toilette. C’est seule cette fois que je la prends dans mes bras afin de la maintenir debout. Je lui dis « tiens bon ma chérie, j’ai presque terminé ! Je te tiens tu ne tomberas pas ». Elle me répond dans un souffle « j’étouffe ». Je la remets sur son fauteuil qu’elle récupère avant de poursuivre.

Je vois, posé sur la table, de l’huile de coco. Je lui propose alors d’en mettre sur son corps et ses beaux cheveux noirs. Elle accepte.

Avant mon départ, elle réclame de l’eau comme la veille, mais n’arrive pas à redresser la tête afin de boire. Je cherche une paille… ce serait plus simple avec une paille ! Maria me dit d’en demander une autour de moi. Je demande à son amie qui parle le français : il n’y en a pas.

La jeune femme se redresse finalement et boit. Sa fille, debout à ma droite, la regarde. J’admire sa force, je vois son dévouement.

« Je meurs d’envie de lui parler des Amazones, lui dire que le sujet ne m’est pas inconnu »

Je m’en vais en me disant qu’il faut que je trouve une solution pour mon passage de ce soir. J’en parle aux collègues. Un d’entre eux décide de passer chez lui en récupérer plusieurs. Nous sommes soulagés d’avoir trouvé cette solution et je pourrai enfin lui dire que je vais écrire sur ma rencontre avec elle… Qu’elle sache que son histoire est importante, qu’elle l’est tout autant et qu’elle est une Amazone.

15H30, heure de départ de la tournée de l’après-midi, nous apprenons que Maria, Amazone de Saint-Laurent du Maroni, s’est éteinte à l’âge de 26 ans.

Récit LCZ

*afin de respecter l’anonymat les prénoms ont été modifiés.